Témoignages

Témoignage de Pierre

Témoignage de Pierre

Suite « 14 mois après »…

Infirmier, cela fait aujourd’hui dix mois que j’ai été réintégré dans mon établissement, sous condition de me plier à ce chantage qu’est l’injection du vaccin Pfizer. Chantage mais aussi une prise d’otage ! Pour subvenir à nos besoins, pour concrétiser certains projets de vie avec ma famille, nous avons dû en passer par là pour accéder à des démarches auprès de certaines instances (banque, administration publique, etc). Notre société tend de plus en plus vers ce modèle de crédit social à la chinoise, tant rêvé par nos dirigeants. Quand notre peuple va-t-il enfin sortir de cette torpeur pour retrouver enfin ses libertés fondamentales ?
Concernant ma pratique professionnelle, je reste très sceptique sur l’avenir de la santé dans notre pays, malgré cette passion qui m’anime encore dans mon métier. En effet, les dégâts de la crise Covid sont bien là. Je constate que le sens critique et la recherche de diagnostique avec solutions construites s’amenuisent au fil des mois, pour laisser place à l’application bête et disciplinée de protocoles médicaux. Cela concerne toutes les pathologies, allant de la prothèse de hanche à la prise en charge palliative, nous devons respecter les consignes des instances de santé, même lorsqu’il est flagrant qu’elles vont contre le soin plutôt qu’avec.
La technocratie s’est renforcée dans les établissements, donnant un sentiment de toute puissance à certaines de nos hiérarchies. Vous êtes rappelé à l’ordre si vous avez tendance à trop réfléchir ou encore à mettre en avant le patient et son bien être plutôt que le taux d’occupation de l’établissement.
Bon nombre d’établissements réduisent leur nombre de lits ou, pire, ferment par manque de personnel. Ce manque de personnel pèse sur les équipes car lorsque l’un d’entre nous manque à l’appel, peu de remplacement voire pas du tout car il reste trop peu de soignants.
Je remarque également un comportement chez certaines familles ou visites de patients. Lorsqu’on les écoute, tout leur ai du et peu importe l’organisation des équipes ou les besoins des autres patients, l’égocentrisme prend le dessus. On nous manque régulièrement de respect, et le fait que les médias aient affirmé que les soignants étaient l’un des vecteurs d’épidémie du COVID n’y est certainement pas étranger, dixit la Macronie. Le respect de la profession se meurt.
Enfin, l’énorme majorité des travailleurs concernés par cette obligation a l’injection ont contracté le covid au moins une fois, et cela qu’importe le nombre de doses. A contrario, certaines personnes jamais vaccinées n’ont jamais contracté le virus mais restent pourtant persona non grata.
Nous avons besoins de nos personnels suspendus pour assurer une continuité décente des différents services de notre société et ces personnes doivent surtout retrouver le respect qui leur ai dû. Si une certaine partie de la population et des politiques ne changent pas de cap rapidement, j’ai bien peur qu’ils ne se tirent une balle dans le pied. En effet quand sera-ce leur tour de devenir dépendant suite à une perte d’autonomie ou bien lorsqu’ils seront confrontés à la maladie, qui les prendra en charge ? Le peu de personnel restant aura-il encore les compétences nécessaires au vu du déclin de nos institutions de formation ?
C’est pourquoi, au nom de la raison et de cette soi-disant solidarité qui constitue notre devise, réintégrez les personnels suspendus plutôt que de vous conforter dans cet orgueil qui mène notre société à sa perte. Triste constat mais nous devons continuer à alerter, jusqu’à ce que nous soyons entendu car cela est notre devoir CITOYEN !
Encore un grand Merci à certains de mes collègues qui m’ont permis une réintégration dans de plutôt bonnes conditions psychiques. Un grand merci au fidèle Collectif Citoyens du Pays Viennois qui nous accompagne dans les épreuves les plus difficiles. Et un grand merci a tout ceux qui ont été et sont encore là pour nous porter moi et ma famille.


Témoignage de Christèle

Témoignage de Christèle

La semaine du 15 septembre 2021 a été horrible. Je ne voulais pas me faire injecter ce produit qui est toujours à la date d’aujourd’hui en phase d’essai thérapeutique. Je savais que j’allais perdre mon travail mais je n’arrivais pas à me résoudre à faire cette injection comme l’ont fait mes collègues, c’est-à-dire sans réfléchir. Pour elles la vie continuait tranquillement alors que je me réveillais la nuit en me demandant si j’étais folle. J’allais au travail et je pleurais. Je pleurais contre moi, contre ce que nous imposait le gouvernement.

Le lundi 13 septembre 2021 je suis allée à la direction pour signer ma suspension sans salaire qui allait commencer le 15 septembre.

Le 14 septembre j’ai fait mon travail comme d’habitude. Je ne réalisais pas vraiment ce qui allait se passer.
A 16 H 18 j’ai éteint l’ordinateur et j’ai marché sur la pointe des pieds pour sortir du service. Je n’avais pas envie que mes collègues me voient. J’ai préféré partir comme une voleuse.

En descendant les 5 étages je ne réalisais toujours pas. Je savais que je ne reviendrais pas travailler mais c’est tout. Je ne pleurais pas. J’étais sous le choc.

Pendant presque 2 semaines j’ai vendangé pour gagner un peu d’argent. Voir d’autres personnes et être dans la nature m’a permis de me ressourcer.

Puis le mois d’octobre est arrivé avec ses jours gris. Mon moral balançait entre la bonne humeur et des moments de tristesse.

Il m’est interdit de travailler sauf pour les travaux des champs alors je pioche dans les économies faites pour faire des travaux chez moi.

En pleine période de pandémie, les hôpitaux Français se sont autorisés à se passer de personnels alors qu’ils manquaient déjà de main d’œuvre depuis plusieurs années.

A ce jour, je n’ai aucune nouvelle de mon employeur. Je suis toujours après bientôt 5 mois sans salaire et sans aucun statut puisque le statut de suspendu sans salaire n’existe pas dans les textes de lois.

Depuis le 15 septembre je ne fais aucune dépense sauf pour de la nourriture et de l’essence. Je m’interdis de dépenser le moindre euro pour autre chose. Pour les fêtes, cette année le Père Noël a oublié ma maison mais ce n’est pas important.
J’accepte volontiers une courge, des poireaux et autres légumes que des personnes généreuses me donnent pour manger.
Le samedi lors des manifestations nous récoltons un peu d’argent que nous nous partageons entre suspendus.
Infirmière depuis 28 ans, je sais que je n’exercerais plus ce métier que j’ai pourtant adoré et qui m’a permis de m’épanouir. Cependant, je resterai infirmière jusqu’au dernier jour de ma vie.

Aujourd’hui j’envisage une reconversion professionnelle. En attendant je continue de me battre contre le pass sanitaire devenu pass vaccinal.

Je me bats pour moi, pour mes enfants et pour mon père qui est gravement malade.

Mon père âgé de 79 ans a des problèmes cardiaques depuis maintenant 3 mois alors qu’il n’en avait pas avant. Il souffre d’arythmie avec insuffisance cardiaque sévère. Son médecin traitant ne veut pas qu’il ait sa 3ème injection. Elle n’a pas voulu non plus qu’il soit hospitalisé la semaine dernière, de peur qu’il prenne le covid à l’hôpital. Elle a préféré aller le voir tous les jours et faire passer les infirmières libérales pour essayer de le soigner à domicile. Aujourd’hui son état de santé s’améliore.

Bien sûr je ne peux pas affirmer que ces problèmes récents de santé sont dus aux 2 vaccins mais je peux constater qu’il n’avait rien avant les injections et que le médecin lui interdit sa dose de rappel.

Quand je vois ce qui se passe dans d’autres pays je me dis que la situation ne peut qu’évoluer favorablement. Actuellement plusieurs pays font marchent arrière concernant la vaccination et les restrictions sanitaires. Certains pays parlent des nombreux effets secondaires qui apparaissent dans leur pays suite à une vaccination massive contre le covid.
Il faut juste que les Français se réveillent et s’informent ailleurs que sur les grandes chaines de télé et dans les journaux nationaux.

Christèle

Suite « 14 mois après »…

Déjà 14 mois ! 14 mois que je suis suspendue sans salaire. 14 mois que ma vie est, elle aussi, suspendue. Il y a 14 mois je n’aurais jamais imaginé être encore dans cette situation aujourd’hui. En fait, j’ai été mise devant le fait accompli il y a 14 mois sans avoir aucune perspective de futur.
Pendant les 14 mois passés, il a déjà fallu digérer « la suspension », et il faut bien reconnaitre que c’était un gros morceau à digérer. Durant cette lente digestion, ma vie était à l’arrêt. Impossible de se projeter dans un avenir, impossible d’envisager réellement un autre travail.
Les points positifs, car il y en a tout de même, sont que j’ai rencontré des personnes extraordinaires durant ces 14 mois. Des personnes authentiques, humaines, généreuses, qui ne m’ont pas jugée malgré le fait que je ne travaille toujours pas. Des personnes avec lesquelles j’apprécie de passer un moment ou une soirée. La plupart des personnes que je connaissais avant font toujours partie de ma vie. Elles ont accepté mon choix sans me juger. Quant aux autres, je n’ai aucun regret. Pendant ces 14 mois, je me suis améliorée en couture. Maintenant je suis capable de coudre des sacs et divers autres objets. Je prends plaisir à créer. J’ai aussi écrit un livre dans lequel je raconte ma vie depuis le 6 janvier 2020, jour où j’ai entendu parler pour la première fois du coronavirus. L’écriture m’a permis de faire le deuil de mon travail et de ma vie passée. Il m’a permis d’exprimer mes ressentiments, de me poser des questions sur la folle période que nous traversons. L’écriture de ce livre est aussi la réalisation d’un rêve, car depuis de nombreuses années j’avais envie d’écrire. Dans quelques semaines, je pourrai tenir dans les mains mon livre.
Depuis 14 mois, il faut bien avouer que ma vie est complètement différente. Je suis au RSA et je dois tout les jours compter l’argent que je peux dépenser. Je ne peux plus m’offrir de vêtements ou de sorties mais cela m’importe peu. Le vrai bonheur ne réside pas dans la possession de l’argent, même s’il en faut pour vivre.
Il y a maintenant un mois, le 9 octobre 2022, je suis retournée dans mon service, à l’hôpital, pour fermer la page définitivement. Ce jour-là, j’ai mis des talons hauts pour que les murs du service entendent mes pas lorsque je marchais dans le couloir. J’ai quitté dignement le service et non pas sur la pointe des pieds comme je l’avais fait le 14 septembre 2021. Dans la cour de l’hôpital sous le porche , je me suis retournée une dernière fois pour remercier les lieux de m’avoir permis de gagner ma vie pendant 28 ans en exerçant un métier que j’adorais. J’ai remercié l’hôpital pour tout le bonheur que le métier d’infirmière m’a apporté. Puis j’ai rejoint ma voiture sans nostalgie, ni amertume. La page est enfin tournée.
Depuis peu, je cherche activement un travail. Ensuite je demanderai une disponibilité car je n’ai toujours pas le droit de travailler. Je suis toujours suspendue. Maintenant je suis prête à reprendre une activité professionnelle.
Je ne regrette rien. Cette épreuve est compliquée à vivre mais avec l’aide des personnes qui m’entourent, je peux l’affronter. Aujourd’hui je me sens encore plus forte qu’avant.
Dans quelques années, quand je repenserai à cette période, je serai fière d’avoir fait parti des résistants, de ceux qui n’ont pas accepté sans se rebeller. Je suis fière de me battre pour ma liberté, notre liberté et pour la liberté de disposer librement de son corps.


Témoignage de Sabine

Je suis infirmière à l’hôpital depuis 21 ans, suspendue le 15/09/2021, sans salaire, sans droits à la retraite, ni indemnité chômage.

Je ne voulais pas de cette injection expérimentale, pas assez de recul, trop de doutes, des effets secondaires observés dans mes connaissances, et un manque d’efficacité criant. Je ne suis pas anti vaccin, je suis à jour de tous mes vaccins obligatoires.

J’ai eu le COVID en décembre 2020, obligée de venir travailler alors que je n’étais pas complètement remise de la maladie. A présent je n’ai pas le droit d’exercer alors que j’ai mes anticorps naturels, que je n’ai aucun symptôme. Des collègues vaccinés, eux, travaillent, mêmes contaminés par le COVID, par manque de personnel.

Durant l’été 2021, nous avions un compte à rebours sur l’écran de notre ordinateur de travail, nous incitant à nous faire vacciner, avant d’être suspendu. Des notes de service intimidantes pour nous, les récalcitrants, les soignants qui se posent des questions. Questions que mon médecin chef de service ne se posait pas, « pas le temps » m’a-t-elle dit. Mais présente pour vacciner tous les services, patients et soignants.

Puis est venu l’entretien demandé par le DRH, quelques jours avant ma suspension, pour connaitre les raisons de mon refus. J’ai vraiment eu l’impression d’avoir commis une faute grave, moi qui ne me suis jamais arrêtée en 21 ans de service, toujours à dire oui pour remplacer une collègue malade. Un DRH, sans humanité, me signifiant que j’avais avant tout des devoirs avant d’avoir des droits dans la fonction publique.

Jusqu’au dernier jour, on pense que cela ne peut arriver, qu’ils ne peuvent pas nous « virer » pour ça. Mon dernier jour de travail, j’étais en poste du matin, essayant de faire bonne figure, travaillant comme tous les autres jours avec rigueur et bienveillance. Mais à 13h, avant la relève, l’émotion est devenue trop forte, j’ai cependant tenu à faire cette dernière relève à mes collègues, puis les larmes pendant près d’une heure devant des soignants impuissants.

Et dire que si le gouvernement avait laissé prescrire les médecins (les traitements existent), s’il n’y avait pas eu de fermetures de lits depuis des années, si les syndicats nous avaient soutenus, on n’en serait sûrement pas là.

Je n’ai juste pas voulu être un cobaye pour garder mon travail. Je sais que d’autres collègues ne voulaient pas non plus mais n’avaient pas le choix (crédit à payer … ). Je me rappellerai toujours d’une ASH qui est allée se faire injecter, les larmes aux yeux, ne voulant pas de cette injection, mais ne pouvant faire autrement (une maman seule avec son enfant). Comment notre médecin a-t-elle pu la « vacciner » en la voyant ainsi ?

Du jour au lendemain on se retrouve sans travail et on doit rebondir pour ne pas sombrer, se projeter sur autre chose mais comment ? Même notre compte formation qui pourrait nous aider à nous former à autre chose est supprimé, alors qu’on a cotisé pour, comme le reste d’ailleurs.

On se remet en question et heureusement, j’ai un mari qui me soutient, des gens formidables rencontrés aux manifestations, des collectifs qui nous permettent de garder le moral, de sortir la tête de l’eau et nous aident à nous battre. Et je tiens tous à les remercier.

Pour toutes ces rencontres merveilleuses, je me dis que j’ai bien fait d’avoir osé dire NON (pour la première fois de ma vie), alors que j’adorais mon travail.

Tout cela m’a ouvert les yeux sur beaucoup de choses et je veux me battre pour qu’on puisse encore avoir le droit de dire NON, pour garder notre liberté et celle de nos enfants.

Sabine

Suite « 14 mois après »…

Que suis-je devenue 14 mois après avoir été suspendue le 15/09/2021 ?
N’ayant droit à aucune aide, ni même au RSA, et voulant retrouver un travail, j’ai pris une disponibilité en mars 2022 (mon avocat me l’a recommandé pour pouvoir exercer un autre métier, histoire aussi que l’hôpital ne trouve rien à redire…).
Ainsi depuis cette date, je suis en poste dans une maison d’enfants où l’injection n’est pas obligatoire, juste à côté de chez moi. Cette décision n’a pas été simple à prendre, je quittais « mon statut » de « suspendue », beaucoup de questions tournaient dans ma tête, me demandant si j’avais bien fait. Reprendre un nouveau poste n’a pas d’emblée été simple non plus : de nouvelles collègues, pour certaines voulant savoir pourquoi j’en étais arrivée- là (ainsi replonger dans le questionnement, les justifications…), une nouvelle adaptation. D’infirmière m’occupant d’adultes, je suis passée à auxiliaire de puériculture, et je trouve cela très bien finalement. En prime, je n’ai plus à porter ce masque (je ne le supportais déjà pas à l’hôpital).
J’avais besoin de retrouver une place dans la société, de me sentir utile, même si ce travail n’est qu’un petit contrat à temps partiel. J’aide par ailleurs mon mari dans la construction d’une maison et cela m’amène peut – être aussi à me reconstruire, car ils nous auront fait du mal moralement.
La réintégration si un jour ils l’envisagent ? Ce sera NON. Trop de déception, de colère, d’injustice. Et plus l’envie.
Je vis donc un peu au jour le jour, sans vraiment savoir ce que je ferai dans un an, mais je ne regrette rien, je me suis fais de nouvelles amitiés pour en oublier d’autres. Un mal pour un bien au final ? Je me laisse encore un peu de temps pour répondre.


Témoignage d’Olive

Je m’appelle Olive, je suis infirmière depuis bientôt 25 ans, et j’ai été suspendue de mon travail le 15 septembre 2021. J’ai fait le choix de ne pas me faire injecter, car j’avais des doutes sur le produit expérimental qui nous a été proposé, notamment les effets secondaires : une de mes cousines infirmière avait fait une trombose post-vacinale en mars, et 6 mois après, elle n’avait toujours pas pu reprendre son travail. J’ai tenté d’attraper ce virus, mais malgré des symptômes et probablement la maladie, mes tests sont restés négatifs…

Je suis partie de mon travail comme une paria, sans avoir vu un seul de  mes hiérarchiques. A ma cadre, à qui je demandai le 13 septembre si je devais vider mon bureau le lendemain soir, la réponse a été : « je veux bien que tu me fasses une bouture de ta plante … » .  Il n’y a pas eu de boutures, j’ai vidé mon bureau toute seule, après que tout le monde soit parti.

Je reçois une lettre  en A/R le 15 septembre me signifiant ma suspension, sans autre forme d’ accompagnement.

Je suis convoquée un mois plus tard par mon Directeur des Ressources Dés-Humanisées : pendant cet entretien, je vais subir de la moralisation, de la culpabilisation, et de l’intimidation, et de l’infantilisation. Je comprends malgré tout que ce statut n’est pas inconfortable que pour moi, vu l’insistance de mon DRH à me pousser vers la démission ou une disponibilité. Je me dis alors que je garderai ce statut que je n’ai pas choisi, et que ce n’est pas à moi de leur trouver une solution.

Mi-novembre, j’apprends que des collègues vaccinées sont positives à la covid, je ressens alors une grande injustice et encore plus de colère, et je décide de faire un recours au tribunal administratif pour dénoncer ma suspension. Je ne sais pas dans quoi je m’embarque, je n’ai pas beaucoup d’espoir sauf celui de pouvoir dire à un juge que cette situation n’est pas juste.

J’attrape la covid fin décembre, et je demande donc ma réintégration, accordée je pense du fait de mes démarches judiciaires et évidemment parce que c’est la loi ! Mon DRH me donne 2 mois pour me faire vacciner. Je suis réinfectée 1 mois et demi plus tard, cela repousse donc l’échéance, sans toujours savoir si je vais pouvoir travailler 2 mois ou 4 mois.

J’ai donc repris le travail début janvier, et c’est là que j’ai réalisé ce que je venais de traverser : la perte de salaire a bien entendu été difficile, le yoyo émotionnel et l’isolement aussi mais le plus traumatisant pour moi, c’est d’avoir perdu mon identité professionnelle du jour au lendemain, me retrouvant en marge de la société. Quand il m’est arrivé de devoir faire des tests antigéniques au labo, il m’était demandé de dire si j’étais soignante : j’avais 3 réponses possibles : oui, non, ne sait pas. Je rajoutais une 4ème réponse : ne sait plus…

Je ne sais pas ce que je ferai par là suite, ce que je sais aujourd’hui, c’est que je fais le métier où je suis le plus expérimentée, et que j’ai à cœur d’exercer. Je suis revenue au travail, comme je suis partie, comme si de rien n’était, et pourtant il en était et il y aura forcément des traces. Je n’ai pas ramené mes plantes.

Je voudrai pouvoir dire à mon Directeur des Ressources Dés-Humanisées qui me demandait si la vie de suspendue était belle : non, cette vie n’est pas facile même très difficile, mais je préfère être à ma place de suspendue qu’à votre place de suspendeur. Je suis restée en phase avec qui j’étais, et le temps semble me donner raison dans mon choix : pourquoi me faire injecter un produit qui ne va me protéger d’être contaminante, ni d’être contaminée, au risque d’effets secondaires, et avec qui je cohabite bien quand il s’invite chez moi ? Ceci n’est pas raisonnable.

Olive

Suite « 14 mois après… »

Bonjour, je suis Magali, infirmière depuis bientôt 25 ans.
J’ai été suspendue le 15 septembre 2021 sans même rencontrer un de mes hiérarchiques, une simple lettre recommandée faisant office de lien avec ma direction des ressources déshumanisées.
J’ai pu reprendre le travail mi-janvier après avoir eu la covid (peu symptomatique). Ma hiérarchie m’a mis la pression au bout de 2 mois pour que je fasse ma 1ère injection. J’ai finalement pu continuer à travailler après avoir été à nouveau positive à la covid.
Mon pass sanitaire (et non vaccinal) se terminait mi-septembre, j’ai devancé une nouvelle suspension en me vaccinant à contre-coeur afin d’éviter les effets psychologiques et sociaux de la suspension. Je ne l’ai pas fait pour des raisons sanitaires puisque mon corps à montrer à 3 reprises sa bonne cohabitation avec le virus mais je ne voulais pas revivre le traumatisme de la suspension et me retrouvée à nouveau en marge de la société. J’ai été plus malade par l’injection que par le virus (2 jours alitée), et j’ai à nouveau attrapée le virus moins d’un mois après l’injection… Je continue de douter de l’intérêt de cette vaccination : elle n’empêche pas d’attraper le virus, de le transmettre, et la réaction de mon corps a été plus importante suite à l’injection qu’à la contamination.
Malgré mes 3 infections et mon injection, ma hiérarchie me demande de faire une 2ème injection, ce que je ne ferai pas.
Mes collègues en fonction n’ont actuellement plus de pass valide: aucune n’est allée faire son rappel. Mais elles peuvent continuer de travailler puisque le rappel n’est pas obligatoire pour le moment. Et mes collègues suspendues (sans pass valide également) ne peuvent pas reprendre leur activité… Quelle est la logique?…
Je reste très en colère pour ce qui nous est arrivé il y a plus d’un an et ce qui est encore bien présent dans nos esprits. Pour nous toutes et tous suspendus, il y a un avant et un après suspension.


Témoignage de Laura

Témoignage d’une éducatrice qui a découvert qu’elle était « soignante » avec l’obligation vaccinale des soignants

Je suis éducatrice depuis une vingtaine d’années dans le médico social. J’ai toujours pris soin des usagers de mon mieux, et ces dernières années, avec la peur et la culpabilité d’avoir une vie en dehors et leur ramener la mort. Donc application stricte des gestes barrière, l’état de mes mains à l’époque aurait pu en témoigner, même après la première vague. Tout le temps en fait. Jusqu’au 15 septembre 2021. Date à laquelle vraiment c’était plus possible hein, on va pas garder des irresponsables qui n’ont pas compris le sens de leur engagement.

Je me dis que si je cède, d’autres suivront. Pas parmi mes collègues, eux c’était fait. Mais parmi mes amis, connaissances. Et cette idée m’est insupportable.


Mes enfants aussi. Je veux leur prouver que dans la vie, on a le choix. Qu’il faut se défendre, et qu’on ne doit se plier à la loi que si elle est juste. Mais je le fais à moitié. Pendant 2 mois, je leur fais croire que je vais travailler. Je ne peux pas leur dire la vérité, je veux les préserver, qu’ils vivent une enfance le plus normale possible…(la, on ne va pas rentrer dans le sujet des masques).
Mais les usagers étaient vaccinés. Donc, tout allait bien, non ? Vaccin=protection ! Ah non ? Ah…


Alors je suis partie. Très peu de personnes ont pris de mes nouvelles. Un peu, puis de moins ne moins. Certaines, pas du tout. J’ai pensé en avoir pour 2 mois, qu’on serait réintégrés au 15 novembre.


J’ai cherché du travail, n’importe quoi. Dans cette démarche, j’avais un état d’esprit plutôt positif dans l’ensemble. Je partais du fait que je vivais une expérience inattendue, et j’allais faire des découvertes inattendues. Peut être me découvrir une nouvelle vocation. Et puis, en vrai, je pouvais me permettre de passer quelques mois sans revenus. Ca, c’était les bons jours. Il y en avait aussi des mauvais, avec beaucoup d’angoisses. Des vraies. Des que quand les autres m’en parlaient, je pensais qu’ils en faisaient trop…


Je trouve donc un poste sympa, un poste d’invisible, un peu. Un boulot que beaucoup pensent que c’en n’est pas un. Moi la première. Alors du coup, c’est l’occasion de casser un préjugé. Bref, bonne expérience, et surtout, surtout, sortir de chez moi, travailler dans une équipe qui n’a pas le poids de la responsabilité de personnes fragiles. Parler d’autre chose. Et se délester de la charge mentale professionnelle inhérente au travail d’éducateur. Voir qu’il y a autre chose.


Bon, quand même, certains de mes nouveaux collègues ont un avis sur la question, les non-vaccinés sont des « connards qui saturent les hôpitaux ». Mais les choses évoluent. Tout le monde contracte le covid, les vaccinés d’ailleurs en premier. Ils changent de ton.


D’où je suis suspendue, j’apprends que tout le monde a attrapé le covid…Tiens, est ce que ça interroge, là-bas ? Et moi, toujours rien. Quelque part, je suis assez « contente » de la situation, car des cas comme celui ci sont généralisés…alors qu’ils sont entre vaccinés…Etrange…


Puis quand même, en février, je choppe le covid, et personne ne m’en tient rigueur. En plus, je ne l’ai repassé à personne. On renouvelle même un peu mon contrat.


Pourtant, je pourrais donc retourner au boulot initial, mais quel sens cela aurait-il ? Je travaille avec des humains, qui ont un projet de vie. La relation se construit jour après jour, mois après mois. Avec les collègues aussi. Sachant que ça ne serait que pour 4 mois, je préfère ne pas leur dire, et continuer à galérer.


En parallèle, humainement, des surprises. Des pas bonnes, et des excellentes. Des proches qui jusqu’à maintenant ne savent pas que mon métier est concerné, et qui ne se posent aucune question. Des amis qui pensent que notre obligation a sauté avec la suspension du passe.


De la famille qui se fait beaucoup de souci, ne comprend pas au départ ma décision, ne soutient pas, mais qui se voit rassurée par ma capacité à retrouver autre chose. Et qui voit que je ne suis pas seule. Beaucoup de personnes, dont le médecin de famille, une cousine kiné, des connaissances, ont fait le même choix. Je ne suis peut être pas si à côté de la plaque.


Des nouvelles rencontres, de tous horizons, que je n’aurais jamais faites en poursuivant dans ma voie. Beaucoup de soutien. De personnes fiables. Qui ne lâchent rien, même quand moi je lâche car c’est plus possible.


Ces jours-ci, on entend dire que la réintégration des soignants est envisageable. Je ne sais pas si c’est une bonne nouvelle pour moi. Je m’en réjouis pour les autres, mais à moitié. Comment savoir si cela sera durable ? Comment retourner dans un service où quelque chose a été cassé ? Comment dire aux usagers qu’on a renoncé à son travail car on refusait l’injection d’un produit qu’on leur a inoculé sans qu’ils aient la capacité à faire un choix éclairé ? Mentir, encore… Se retrouver en gros décalage avec les autres, être marqué d’une « faute »…Depuis ma suspension de contrat, je ne peux plus me projeter. J’avais des rêves de grande reconversion, avant. Plus le courage, maintenant.


Je suis admirative des personnes suspendues, qui, elles, ont bien plus perdu que moi, n’on pas eu la même chance de trouver facilement quelque chose, et qui pourtant persévèrent. Celles qui militent, toute la semaine.


Admirative aussi de celles qui se sont fait vacciner, sous la contrainte ou volontairement. Qui ont le courage de garder les yeux ouverts, quitte à découvrir des vérités pas belles à voir.


Admirative de celles qui l’ont fait car elles ne pouvaient pas laisser leurs patients aux mains de personnes obéissant à la pensée unique.

Mon combat est invisible. Compte t’ il quand même ?

Suite « 14 mois après… »

Monitrice éducatrice travaillant dans la même association depuis 20 ans, j’ai été suspendue en octobre 2021, ayant été auparavant en arrêt maladie annulé par le médecin conseil de la cpam. Petite traversée du désert. Puis j’ai trouvé un cdd dans un autre domaine, au smic bien sûr, puisque mes études ne me permettent sinon de ne travailler presque qu’avec le passe…ce cdd a été reconduit plusieurs fois, puis j’ai eu une proposition de cdi. J’ai toujours caché ma situation, par méfiance… j’ai donc démissionné de l’association dans laquelle j’avais toujours travaillé, ou je connaissais tout le monde. depuis un an, quasiment personne ne m’a demandé de nouvelles, et depuis ma démission, silence radio. Le pire, c’est que j’ai rencontré des groupes d’usagers avec leurs éducateurs, et au lieu d’aller leur dire bonjour, je les ai évités. A mon étonnement pas tant pour éviter les explications que par culpabilité par rapport à eux… je pensais pourtant avoir tourné la page.


Témoignage de Pauline

Bonjour,

Je me présente, Pauline, j’ai 39 ans, à jour de toutes mes vaccinations, non expérimentales, et je vis près d’Avignon. Je suis infirmière depuis 10 ans maintenant. Mon mari aussi est également infirmier. Nous sommes parents de 3 enfants de 10, 8 et 5 ans. Une maison avec un crédit sur le dos.

Nous avons toujours exercé notre métier avec cœur et passion. 

Nous étions des gens sans histoires, comme la plupart des gens.

Mais nous avons vu la première vague de covid arriver. Nous allions au travail avec le sentiment d’être protégés par notre formation de professionnels de la santé et nos connaissances des modes de transmissions. Nous avions malgré tout une boule au ventre car ce virus était inconnu.

Nous avions la crainte de possiblement mettre nos enfants en danger voir jusqu’à l’irréparable… mais les applaudissements de 20h nous disaient la reconnaissance des gens qui saluaient notre courage.

Nous avons été emplis de ce sentiment de FRATERNITÉ reliant les personnes à 20h.

Seulement voilà, je travaille en dialyse au contact de patients polypathologiques et âgés de surcroît. Autant dire que nous avons été drastiques avec les mesures de sécurité. Après tout, si la télé disait vrai, nous aurions pu perdre au moins la moitié de nos patients.

Au-delà du fait de ce demander si il nous resterait du travail après la crise, nous n’avons pas eu le nombre de morts prédit. Et on a des patients en sale sale état…

Mais au début de la vaccination, un an après le début de cette «pandémie», interloquée par ce qui était en train de se passer j’ai sorti ma calculette. Donc sur un total de 100% de patients ultra fragiles j’arrivais à un taux de mortalité de 3%. 

Chaque vie perdue est une tragédie, je ne dis pas le contraire… ça vaut aussi pour les patients qui se sont vu refuser des soins car non vaccinés ou encore ceux qui ont été condamnés par le ralentissement drastique de la chaîne de soins…

Donc participer à un essai clinique sur une technologie nouvelle sur laquelle nous n’avons, en majorité, que le recul de trente années d’échecs….

Non!!! J’ai accepté le risque de mourir ou perdre un de mes enfants… ou tous….de cette maladie, pour continuer à aider mon prochain. 

Je refuse donc de prendre un risque inconnu et de jouer avec la vie et l’avenir de mes enfants, en mettant encore une fois ma santé en jeu. Je fais parti des gens qui survivent a plus de 99% et non pas de ceux qui, fragiles, âgés et polypathologiques, en décèdent à 3%.

Je refuse de cautionner la coercition faite aux patients d’être vaccinés pour pouvoir être soigné. On est tous patient un jour ou l’autre. Donc en les défendant je défends tout le monde, moi y compris.

Le propre d’un droit inaliénable c’est qu’il ne peut être aliéné. Mais ça ne compte plus, le 12 juillet 2021, mon corps ne m’appartient plus… Fini cette FRATERNITÉ aux fenêtres. Je suis devenue du consommable….

Je suis donc suspendue, mon mari aussi, sans droits. Et je reçois mes premières fiches de paie en négatif. Et oui, il faut bien payer la mutuelle professionnelle obligatoire généreusement maintenue.

Pendant que les médias défendent l’idée de me priver d’accès aux soins, quitte à vendre ma maison pour bien me faire comprendre.

Mais voilà, nous étions suspendus, pour être cette digue qui protègerait le reste de la population, ce grain de sable dans cette machinerie de l’inacceptable. 

Malheureusement nous n’étions pas dans Le Cid de Corneille (Acte IV, scène 3) « Nous partîmes cinq cents; mais par un prompt renfort. Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port. Tant à nous voir marcher avec un tel visage. Les plus épouvantés reprenaient leur courage!». J’ai vu mes collègues céder au chantage d’une façon où d’une autre…. Pour finir la seule de mon équipe à être une pierre pour cette digue……

Mes collègues nous ont soutenus quelques mois en nous donnant de la nourriture. Avec comme motivation la compassion de nous connaître et nous aimer ainsi que nos enfants et de trouver cela ahurissant. Mais aussi la gêne de ne pas avoir suivi. D’avoir en quelque sorte trahis cette Fraternité qui nous unissait. Nous avons été violemment séparées du jour au lendemain. Et ça a été violent de part et d’autre. Tout le monde en a été victime.

Je leur suis profondément reconnaissante de ce geste même si ce n’était pas celui dont nous avions vraiment besoin. Les Antilles ont fait preuve de plus de courage et de solidarité…

Mais à chacun ses ressources intérieures, pas de jugement, non…. juste de la colère et du désespoir.

J’ai donc lancé des bouteilles à la mer et interrogé les institutions. Une personne, dont malheureusement je ne connais pas le nom, s’est battue pour nous et nous avons intégré le parcours RSA. Ce ne fût pas sans embûches… Nous avons eu le droit d’entendre des gens dans l’Institution: «Les suspendus n’ont pas de droits, vous avez fait le choix de la précarité volontaire.»

Plus tard ce seront des membres de la famille qui nous diront: «Vous les non-vaccinés vous avez du sang sur les mains! Ne venez pas chialer quand vos enfants crèveront du covid!»

Mais nous avions, transitoirement, un peu écarté le danger de tout perdre. Mais nous avons mis le doigts dans un engrenage qui nous était inconnu. Oui la référence « infirmier » n’existe pas sur leur plateforme RSA parce qu’un infirmier n’est « jamais » au chômage… encore moins au RSA… Malgré la bienveillance de nos interlocutrices, la machine administrative force la marche en avant… Un retour à l’emploi quoi qu’il m’en coûte…

Nous avons également rencontré dans les manifestations, des gens formidables, qui ont été un baume apaisant sur nos brûlures cuisantes. Des gens qui nous ont rattrapés pour ne pas qu’on tombe sur le sol sur lequel on nous précipitait. Des vrais soignants dans l’âme.

Voilà bientôt 10 mois que nous sommes suspendus, oubliés… et rien ne change. Les gens se vaccinent, plus ou moins, d’autres s’arrangent…etc… Chacun avec sa raison propre. Pour se sauver de cet enfer, dans lequel nous sommes tous…

Qui décide, qui a une bonne raison et qui n’en a pas? Certainement pas moi. Chacun doit s’interroger individuellement et collectivement. Mais, ce faisant, ils effacent un peu plus chaque jour, chaque mois ce que nous avons voulu défendre et cette digue que nous voulions construire. Nous, ainsi que tout les autres soignants dans notre situation. La fraternité ébranlée encore une fois. C’est le nombre, visible, qui est une force. 

Le fameux «si le système essaie de te niquer alors c’est bien de niquer le système». Seulement voilà en quelques mois j’ai eu le temps de comprendre certaines choses… comme le fait que ce qui peut, de prime abord, sembler une bonne idée peut s’avérer, comme souvent, avoir un double tranchant.

Comme ce RSA qui nous a «sauvés» après que nous ayons refusé d’obéir. Ce RSA qui nous demande à son tour d’être obéissant. La récompense de la gamelle, si, comme le chien tu donnes bien la patte et que tu t’assois bien…. Ironie du sort?

Et le jour où il ne sera plus possible de «niquer le Système» car le Système est plus fort tant que la majorité ne voit pas le piège… Ce jour-là il se passe quoi?

Nous verrons…. Ce matin, sur le chemin de l’école. Mon fils, de 10 ans, a vu des banderoles de drapeaux français, (car c’est la fête au village en ce moment). Il a dit à son père: « J’aimerai avoir un couteau pour arracher le drapeau de ce pays qui vous a tant fait de mal.»

Les enfants…. MES enfants… Les trésors que j’ai désirés, portés et chéri. Je voulais leur offrir la beauté de ce monde. Mais en fait j’ai seulement réalisée l’horreur d’avoir balancer 3 innocents de plus dans la merde. De leur avoir fait ce cadeau empoisonné car je ne savais pas…. L’enfer est pavé de bonnes intentions….

Aujourd’hui c’est mon enfer, ma culpabilité, ma faute, mon ignorance qui leur cause ce tort et mon malheur profond, une plaie qui ne guérira plus. Je ne compte pas les laisser sans rien. Il ne me reste qu’à les élever pour être des guerriers. 

Tout parent à la crainte qu’il arrive du mal à ses enfants… mais maintenant c’est tout le temps pour ma part. La vie a tellement peu de prix pour ce gouvernement que je suis terrorisée. S’il devait arriver quelque chose à un de mes enfants je crois que je mourrai sur place, dans l’instant.

Mon mari et moi, comme tous les couples, nous avons nos discordes.. Mais depuis le 15 septembre 2021, tout s’est acutisé…. Les incompréhensions, les maladresses, les peurs se traduisent parfois par de violentes engueulades. Avec parfois l’envie de tout voir exploser, nous y compris pour que ça s’arrête…. Mais là encore il ne me resterait que la mort. Mon mari est mon dernier rempart contre le néant. On ne s’est pas abandonné, il est le seul en qui j’ai une confiance absolue.

Nos plaies sont profondes, et voir que certaines personnes ne réalisent pas ou ne veulent pas réaliser. Comme on tourne la tête pour ne pas voir le mendiant qui ne vous réclame plus que quelques pièces pour toute aide car il sait que ça n’ira pas plus loin.

Nous sommes infirmiers suspendus, 3 jeunes enfants, en manif tous les samedis pendant 9 mois. Dur pour nous de ne pas avoir de vie, et dur pour nos enfants aussi de battre le pavé tous les samedis. Dur de parler à nos familles et de voir certains avoir la réaction que l’on a à l’écoute d’une histoire triste… On leur fait vivre des émotions qui les confortent dans une auto suffisance de, « je suis quelqu’un de compatissant car je ne leur dit pas « tu as fais ton choix ». »

Mais il y a plusieurs formes de violences innocentes mais profondément destructrices. Ça peut être la sœur qui se fait vacciner alors que nous sommes suspendus depuis 3 mois sans salaire, pour profiter d’un forfait de ski à 200 euros… par peur du gendarme sur les pistes. Et qui nous dit après coup qu’elle ne s’est pas renseignée plus avant que ce que disaient les médias. Sacrée gifle en vrai pour nous!!!!! Surtout que depuis notre beau-frère, jeune et sportif, doit voir un cardio…. Nous avions encore une nouvelle raison de nous inquiéter… et on avait déjà suffisamment de sujets à traiter.

Ca peut aussi être cette autre sœur qui motive tout le monde pour aller un samedi au carnaval et qui me répond lorsque je lui dis que le samedi dans les manifs on peut aussi être déguisés… Un peu comme une pique gentillette pour rappeler qu’on a besoin de monde dans les manifs. Sa réponse a été comme une exécution: « Non, il y a papa et vous qui allez en manif et nous on vous soutient à fond dans votre situation 😉😘. Et là on va profiter d’un spectacle trop beau offert par la ville pour s’amuser et prendre du plaisir et ça c’est coooooolll ❤❤😘 ».

C’est cela la violence ordinaire… Ce déni des gens qui malgré tout se sont laissés pénétrés par cette idée que nous avions fait notre choix… Autrement ils s’indigneraient plus que cela. Non?!! Penser qu’un bisou magique résout tous les problèmes? Qu’un émoticône peut apaiser ce coup mortel porté. C’était le premier avril 2022. La plaie saigne toujours….

C’est sans compter tout ces gens qui n’ont jamais manifestés mais qui pour nous protéger ont réélu Macron car Marine Le Pen menaçait la démocratie…  Ces même gens qui une fois le deuxième quinquennat acté sont capables de vous dire: « Manifester, à quoi bon, on voit ce que ça a donné pour les gilets jaunes ». Alors encore une fois, à ces gens-là,  merci!!! Vraiment!!!

Je perçois tout ce qui porte un drapeau français comme une menace, non potentielle, mais réelle.. RSA et ses rdv tous les 15 jours…. 5 jours avant je suis en panique, je ne dors plus, je ne mange plus. La déclaration des revenus trimestrielles, je prend des anxiolytiques. Saviez-vous qu’alors que l’Etat vous donne moins de 450 euros/mois, si vous recevez de l’aide de votre famille ou amis il faut le déclarer, absolument tout. Conséquence de quoi, si on vous aide, il y a une baisse du niveau de prise en charge le trimestre suivant. Donc pour avoir droit à une somme insuffisante pour vivre, il faut commencer par ne plus rien avoir. C’est comme ça qu’on est bien obéissant….

Alors comme je l’ai entendu de nombreuses fois…. »La France c’est pas la Chine. » C’est vrai, si on ne garde que le « Il était une fois…. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Et on ne garde pas le «Elle mourut en couche faute de soignants…». 

Mais aujourd’hui je ne vis plus dans le même pays que mes concitoyens… J’ai l’impression que le décalage est énorme.

Les gens feront comme nous.. ou pas… quand ça viendra taper à leur porte…. car ça viendra c’est la seule chose certaine… Quand il y aura suffisamment de gens «concernés», c’est à dire quand ils ne pourront plus s’accommoder de la situation, ça ira…. 

Ne vous méprenez pas, j’aime ces gens, j’aime les gens mais je ne peux plus les attendre.

Choisir c’est renoncer. Et ne pas choisir revient au même. Un nœud Gordien…


En attendant, nous envisageons de quitter la France.

C’est la mort dans l’âme que nous prenons ce chemin, car l’énergie que cela mobilise, lorsque l’on est a moitié exsangue, risque de nous faire défaut. Mais j’irai en rampant s’il le faut pour pouvoir à nouveau me tenir dignement debout. Mais à chaque malheur, quelque chose de bon… paraît-il. Peut-être n’ai-je pas encore vu le double-tranchant de cette idée.

Je sais juste ce qui m’attend si je reste ici… 

Je remercie toutes les personnes qui nous ont porté et soutenu quand nous en avions un besoin vital. Des inconnus qui sont devenus une deuxième famille, et certains membres de notre famille qui ont eux aussi été présents et accompagnant de même. Je ne serai plus jamais la même… 

Merci pour votre attention. J’ai été très longue. Peut-être parfois hors-sujet. Et j’aurai encore le quintuple à dire…

Je souhaite que la France relève la tête avec fierté. Mais 10 mois à se débattre dans l’indifférence du plus grand nombre, ça fait long.


Lettre au Président

14 mois après, toujours suspendue. Toujours en galère pour trouver des petits boulots. Mon salaire a très fortement diminué, je continue à puiser dans mes économies, je cotise beaucoup moins pour ma retraite, l’avenir est toujours très incertain mais je suis bien plus riche de toutes ces belles rencontres faites depuis 2 ans !
Monsieur le Président, vous avez voulu nous emmerder, nous mettre au ban de la société, et bien vous nous avez permis de nous connaître, de nous réunir, d’être créatif, de tisser des liens…

14 mois après, les services de soins sont au plus mal, le manque de personnel met de plus en plus en danger les patients, les résidents, potentiellement vos proches ou vous-même et moi, infirmière, je suis dans l’impossibilité de reprendre mon travail sous ce fallacieux prétexte que je serais dangereuse ! Alors qu’un grand nombre de mes collègues vaccinés, sont régulièrement diagnostiqués positifs et parfois malades du Covid, moi, contaminée en 2020, je n’arrive pas à l’être à nouveau ; et pourtant je m’en suis donnée la peine …! Depuis 2 ans, ni COVID, ni grippe, ni un simple rhume à transmettre à mes patients ! Qui croit encore que je représente une menace ?? ! De moins en moins de monde c’est sûr ! Un jour Monsieur Le Président vous aurez à rendre des comptes devant la justice, vous et tous ceux qui vous ont suivi dans votre délire, vous et tous ceux qui nous ont censurés, ignorés, méprisés, traités comme des illuminés. J’espère être là, le jour où la sentence tombera…

14 mois après, je suis toujours en colère contre vous et ceux qui continuent de nous traiter comme des parias, contre tous ces journalistes qui n’ont aucune éthique, contre tous ceux qui nous ont désignés comme des criminels. Mais je suis aussi très reconnaissante envers ceux qui nous ont tendu la main d’une manière ou d’une autre, et ils sont nombreux. Sans cette solidarité, sans ce soutien, ce combat contre cette injustice serait bien plus dur à vivre.

14 mois après Monsieur, vous n’êtes pas digne d’être mon Président !


Il y a 14 mois que je suis suspendue pour refus de vaccination. J’ai donc perdu mon emploi où je pensais être en sécurité dans la fonction publique hospitalière. J’ai maintenant 40 ans, en couple, mère d’un enfant de 6 ans. 17 ans de diplôme, différents services dont 18 mois de renfort covid avant de prendre la porte.
Je suis restée deux mois et demi sans travailler car on nous disait que nous n’avions pas le droit de travailler et d’avoir un autre contrat dans le privée. Encore un mensonge ! Pendant ce temps sans activité, sans revenu, sans ressource, la tourmente et les angoisses hantent mes nuits. Je vois que ma famille est en danger dû à mes choix. Les mois sont difficiles, le moral est plus bas. Mes collègues suspendues sont là, il y a quelques solutions pour paliers aux finances à la faim et au moral.
J’ai eu la chance de trouvé un travail le 30 novembre 2021 dans une usine où j’y suis bien. Une entreprise bienveillante par rapport à ce que j’ai pu connaitre. Je découvre le privé, des nouveaux collègues qui ne vous jugent pas par rapport à cette injection.
J’ai perdu un trimestre de retraite, mes années d’anciennetés. Je suis au smic mais je vis et je suis présente pour mon fils. Je suis en CDD et j’espère décrocher un CDI.
Je ne retournerais pas dans le soin, je ne veux plus travailler comme on nous le demande, c’est-à-dire au rendement. Je ne veux plus travailler avec ces gens qui m’ont jugés et qui croient faire du bon travail en acceptant de trier les gens en fonction de leur âge et de leur pass. Je ne reconnais plus mon pays qui portait il n’y a pas encore si longtemps des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.
Je continuerais à me battre et dénoncer cette injustice si blessante et je ne pardonnerais jamais pour la manière dont on a traité ces soignants.