Notre appel du 18 juin

Notre appel du 18 juin

APPEL du 18 JUIN

Nous sommes réunis aujourd’hui pour célébrer un évènement majeur de notre histoire.

Nous sommes réunis pour lui redonner tout son sens et rappeler qu’aujourd’hui comme hier la lutte est plus que nécessaire.

Moins d’un an après l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne, le 17 juin 1940, le Maréchal Pétain somme ses concitoyens de cesser le combat et de collaborer avec l’occupant nazi. Ce qui apparaît être la période la plus sombre de notre histoire est le début d’une formidable aventure humaine qui trouvera son apogée à la Libération. Sans capitulation, pardon armistice- pas d’appel à résister, pas d’union sacrée des différents mouvements pour créer une armée secrète, pas de Conseil National de la Résistance, pas de Jours Heureux, pas de protection sociale : ni retraites, ni sécurité sociale, ni liberté de la presse, ni services publiques forts, … Pas de République démocratique moderne.

Alors aucune nostalgie dans cette évocation du passé, simplement l’occasion d’éclairer le présent car, à nouveau, nous sommes en guerre !

Nous sommes en guerre. Depuis cette phrase martelée tout au long de son allocution du 16 mars 2020, Emmanuel Macron ne cesse d’établir le parallèle entre le passé et le présent. Il se gargarise d’allusions à des évènements historiques qu’il dénature avec cynisme.

Hier, au début de la pandémie, il alerte sur cet ennemi invisible, insaisissable qui progresse…et dans la foulée nous prive de nos libertés fondamentales en mettant en place un état d’urgence sanitaire qui n’a jamais cessé depuis. Il impose confinements et couvre-feu, autorisations de sorties limitées dans le temps, l’espace et les motifs. Contrôles et sanctions à l’appui. Il distingue biens et activités en deux catégories : essentiels ou non-essentiels.

Il promet ensuite la reconnaissance de la Nation et les honneurs aux combattants de la seconde ligne, les sans-grades avant de nous promettre un retour aux Jours Heureux.

 Les gens de rien auront le choix : se vacciner ou mourir ! Mourir socialement pour ceux qui seront privés de transports, de loisirs, de culture. Mourir à petit feu pour ceux qui se verront privés de leur droit au travail et de leur revenu. Mourir vraiment pour tous ceux qui n’auront plus accès aux examens médicaux, aux traitements et aux soins.  Mourir aux yeux de la nation pour tous puisque indignes du statut de citoyens pour avoir pensé qu’ils avaient des droits quand d’autres se contentaient de QRcodes.

Plus récemment, celui dont l’ambition est – je le cite – de « déconstruire notre propre histoire » réinvente un CNR devenu Centre National de la Refondation qui correspond tellement à l’image fantasmée qu’en avait le Medef ! Un de ses responsables ne déclarait-il pas : le CNR ? il faut le suivre point par point…et faire exactement l’inverse !

Eh bien l’effort ne sera plus bien grand. Démantèlement de l’économie, inaction écologique, Privatisations, disparition de fleurons de l’industrie française, réforme de l’allocation chômage, baisse des APL, réforme de la retraite amorcée au forcing, disparition des services publics, mise sous perfusion de nombreuses entreprises, échec diplomatique au niveau international et crise des diplomates, mépris du Parlement, réduction des libertés publiques, destruction du système de santé, chute du pouvoir d’achat, déferlement de violences policières et acharnement judiciaire contre les gilets jaunes dénoncés par Amnesty International et le Conseil de l’Europe, réforme de la SNCF qui fait perdre le statut de fonctionnaires aux nouveaux recrutés, pétition de militaires, suppression de l’ISF, concentration des médias entre les mains de quelques milliardaires proches du pouvoir… La liste est longue mais incomplète

Enfin, il y a quelques jours, il faut le voir pointer du doigt l’ennemi de l’intérieur et invoquer l’intérêt supérieur de la nation sur le tarmac d’un aéroport. Tout cela par peur de ne pas obtenir une majorité à l’assemblée, par peur de ne pas pouvoir achever son projet… pardon, achever la France.

Le parallèle permanent qu’il établit avec les grands moments de l’histoire est pathétique. L’imposture se conjugue au cynisme ! Le chantre du « en même temps » vire vert-de-gris alors qu’il se rêve chef de guerre, sauveur de la nation.

Non, nous ne sommes pas en 1940 mais Emmanuel Macron a raison de se référer à cette période. Il est grand temps de suivre l’exemple de ceux qui ont écrit, souvent au prix de leurs vies, les plus belles pages de notre roman national, ceux qui ont su faire d’un drame une résurrection.

Et pour commencer, il est temps de retrouver notre capacité à nous indigner. N’acceptons pas passivement. Refusons de nous soumettre Refusons de collaborer à une société dont nous ne sommes pas fiers.

Et n’attendons pas l’homme providentiel. Ne remettons notre destin entre les mains de nul autre que nous-même.

L’urgence est bien présente. Urgence à se rassembler, coopérer, échanger. Urgence à nous fédérer au-delà de nos divergences, urgence à créer des réseaux, des amitiés.

Rétablissons au sein de nos groupes et entre collectifs la confiance, la communication et la solidarité.

Rétablissons ces mêmes valeurs au sein d’une société que le système à broyé, une société fracturée, déshumanisée, au mieux soumise au pire indifférente.

Oui, il y a urgence : urgence à s’engager et résister. Urgence à reconstruire sur le champ de ruines que notre Maréchal des Logis Chef fantasme.

Urgence aussi à rêver et à croire que nos rêves peuvent devenir réalité.

La lutte ne fait que commencer. Montrons-nous dignes de la tâche qui nous incombe.

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