« Le soir »

« Le soir »

(écriture semi-automatique)
Texte produit en janvier 2022, suite aux débats parlementaires sur le pass vaccinal

Nous sommes les enfants d’un monde au débarras, où des clowns lascifs tels des serpents se mordent leur propres queues dans leurs jardins privés; le soir tend à tomber et s’éternise sur leur malice éternelle, tandis que la foule martèle au loin dans le feu des jours à venir; mais les clowns se foutent de la foule, de la vulgus et de ses petits intérêts mesquins, métro-boulot-dodo; le roi réclame des bouffons et se marre derrière les tonnelles de sa cour de pacotille. Dans un coin, un gosse recroquevillé se laisse bercer par les rythmes lourds des monarques libidineux, tandis que passe la foule le long des haies taillées à la française en soufflant à tout va dans le crépuscule orange et noir, rouge noir et blanc; le soir tombe, éternellement, sur un monde qui se raccroche a ses piètres raisons d’êtres Un homme en jaune évoque sa bagnole en jurant; la foule se rue vers nulle part, le poing levé, sans fourche ni torche; le gosse cherche ses parents dans la nuit.
Par dessus les haies, un sous-fifre vêtu d’un cache-sexe jette des tranquillisants et prononce un un infernal juron d’hémicycle; et la foule de se rue vers la mangeoire, car tel est son lot, car on cherche à se reposer après le joug du crédit, de la bagnole et de la plus value; car la conscience de classe et l’indépendance d’esprit ont été découpées dans tous les dictionnaires du pays par un César de la taille d’un micron et car les néons des panneaux publicitaires éblouissent le quidam qui ne trouve plus ces mots anathèmes dans les rues des villes hypocondriaques endormies. Le soir tombe sur un monde en déclin et sur nos œillères hallucinées.

Eléonore Pierrot-Boissin, 01/2022

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